.Yoga du Cachemire
Se déposer
Se déposer. Laisser vibrer la Présence et se déployer la sensation… L’Écoute, au cœur de la pratique.
Les postures (asanas), à l’image de tout geste, tout mouvement de la vie phénoménale, à l’écart des prouesses de la gymnastique qu’est le yoga contemporain, ne sont alors que des explorations joyeuses au cours desquelles surgissent des cristallisations psycho-physiologiques -tensions- qui se déploient, se dissolvent et se libèrent dans l’Espace tel une brindille sèche dans un feu ardent.
Aucun objectif à poursuivre, seule la non-volition permet au Tout de reprendre la place qu’on peut parfois avoir l’illusion de lui retirer.
Peu à peu les conditionnements très communs, comme l’affirmation d’une identité, de l’existence d’un soi sont vus ; on mesure mieux l’énergie mise dans la lutte et la défense de chimères, un pur imaginaire et peu à peu le rêve s’achève, la disponibilité, la vacuité émergent, l’énergie de la vie revient, remonte sensoriellement dans la verticalité et l’alignement.
L’exploration du « souffle » tient une part importante dans cette pratique millénaire. Le pranayama libère les énergies et permet l’exploration de l’Espace. Un apaisement propice à la méditation s’installe et la vibration se déploie.
L’approche du yoga du Cachemire se transmet oralement depuis plus d’un millénaire de maîtres à disciples et son essence trouve sa source dans de nombreux textes (tantras) et agamas, qui plongent eux-mêmes leurs racines dans une tradition immémoriale et dont Abhinavagupta au croisement des Xème et Xième siècles cachemiriens en fut sans doute le représentant le plus illustre.
Naturellement, sa pédagogie est toujours renouvelée, rien n’est figé, c’est son essence même, adaptée à l’instant et adaptée aux pratiquants, qui, seul, se rendra compte de ses défenses et dans une acceptation fonctionnelle les laissera totalement se dissoudre.
C’est auprès d’Éric Baret que cet enseignement fut transmis.